Pour qui sont ces oiseaux qui gloussent sur vos branches ?

(Moqueur, moi ? Mais non, voyons !)

Dans la vie de tous les jours, on ne sait pas trop mais aujourd’hui, ils gloussaient pour nous, à n’en pas douter, sur les pistes reliant Braidwood à Cooma. Balade idyllique, des eucalyptus somptueux, des rayons de soleil qui dorent la moindre feuille à l’or fin, des wallabies à cou roux en Guyane (pardon) qui s’égaillent dans les sous-bois à quelques mètres à peine de la voiture, des rosellas et des magpies qui se saoulent de baies écarlates, des ponts de bois de western, des creeks qui ondulent entre les hautes herbes, des moutons et des vaches qui ponctuent de blanc, de roux et de noir les prairies qui courent jusqu’à l’horizon, un ciel bleu layette parsemé de vaguelettes nuageuses, tournant doucement au rose orangé.

Et un voyant d’essence qui décide brusquement de jouer lui aussi les crépuscules, se parant sans crier gare d’un orange flamboyant des plus convaincants et accrochant par la même occasion à nos visages une mine déconfite des plus réussies. Les kookaburras jusqu’alors parfaitement silencieux ont soudainement entrepris, les fourbes, une longue symphonie de rires tonitruants, roulant et se répercutant d’arbre en arbre, nous accompagnant sur les pistes cahotant entre Deua NP et Tallaganda State Forest. La dernière maison passée était fort loin, la prochaine pas plus près et les sueurs froides s’en donnaient à cœur joie.

L’un guettait le plus léger fifrelin de signe de civilisation tandis que l’autre dressait mentalement et fébrilement la liste des produits de première nécessité disponibles en cas de nuit imprévue à la belle étoile (Eau ? Eau ! Chocolat ? Chocolat ! Lampe de poche ? Lampe de poche ! C’est bon, on est parés !). Plus le temps passait, plus le voyant jouait les lucioles, plus nos mines s’allongeaient et plus les kookaburras se moquaient. La piste transformée à nouveau en goudron, un hameau nous ranimait, prêts à bondir sur la première pompe à essence qui se présenterait. Las ! de pompe point et de passants pas plus à Numeralla.

Vingt kilomètres encore avalés d’une allure d’escargot sous morphine, les yeux se détournant pudiquement du tableau de bord et les bras se préparant, résignés, à pousser, pour arriver cahin-caha à Cooma et pouvoir ravitailler notre fringant destrier totalement déshydraté. Une fois Kroket désaltérée et tout risque de nuit en plein air éloigné, se permettre enfin de promettre pis que pendre aux satanés piafs ayant ri de nos malheurs à s’en décrocher le bec et à en tomber à la renverse. Non mais !

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