(Deua NP, NSW, 19-06-2011)

Attention, cliché sur le point de débouler devant vos yeux effarés. Veuillez, s’il vous plaît, ranger les âmes sensibles, une indigestion de guimauve est vite arrivée.
Le coucher de soleil en Australie, c’est un peu de magie magie et vos idées ont du génie et de genépi poésie trop mimi dans votre vie lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et puis dimanche aussi, hihi !
Attention, cliché sur le point de se faire la malle, à votre plus grand soulagement. Vous pouvez ressortir les âmes sensibles.

Que les nuages tiennent congrès ou que le ciel soit aussi bleu qu’un Schtroumpf tout frais éclos, force est de constater que le crépuscule à l’australienne a de quoi vous hypnotiser. Chaque soir, c’est une débauche d’indigo, de rose pâle, de fuchsia, d’orange et de pourpre, parfois semés de rouge. Moutons et plumes s’irisent puis s’embrasent, le ciel flamboie en strates savamment ordonnées. Les feuilles se dentellent en ombres délicates, bruissant de berceuses chuchotées aux rayons qui se fanent. Les oiseaux se perdent en chamailleries, se disputant à qui mieux mieux branche douillette et tronc accueillant. Les kangourous se jettent sous les roues s’égaillent dans les prés, déluge de bouilles craquantes bondissant hors de l’abri des sous-bois, saluant du museau la nuit naissante.

Depuis quelques jours, les couchers de soleil se vantent de l’arrivée remarquée d’un nouvel invité qui, non content de pimenter un peu plus encore les cieux, se pique également de colorer la vie de milliers de voyageurs. Ce charmant visiteur, nuage de cendres de son état, nous a gratifié une première fois de sa présence la semaine dernière et apparemment ravi de l’accueil chaleureux reçu, le revoilà déjà, impatient de se répandre à nouveau en volutes dodues juste au-dessus de nos têtes.  Chaque microscopique particule de poussière volcanique semble, taquine, nous susurrer “Vous avez aimé Grimsvötn ? Vous allez adorer Puyehue Cordon Caulle ! Plus facile à prononcer, plus exotique et tout aussi farceur, vous en serez tout bonnement fous !”.

Et elles ne sont pas si loin de la vérité que ça, ces bougresses de particules : la journée tout entière s’est écoulée au rythme des dernières informations, jonglant entre bulletin météorologique et site de compagnie aérienne, oscillant entre espoir et fatalisme au gré des annulations de vols. La nuit portant conseil aux humains comme aux nuages vulcaniens, nous saurons demain (admirez la suite de rimes) à l’heure où noircit le premier café du matin, si mètre et cahier en poche, avec entrain nous irons en champ d’essai fouler le purin ou si nous resterons, chagrins, à la paillasse pipette à la main. Ce qui ne serait guère malin de la part de ce nuage importun.

Autant le dire tout net, ce soir, le coucher de soleil n’a pas été l’occasion de s’esbaudir mais plutôt de maudire copieusement ce %$@#!& de volcan chilien un peu trop adepte du comique de répétition !