Par le menton*
(Ou petit -à peu près- précis de démocratie australienne)
Interlude Alain Decaux raconte…
1901 : le Commonwealth of Australia voit le jour. Sydney et Melbourne se couvant d’un œil noir et s’écharpant cordialement dès que l’occasion se présente, décision est prise de créer de toutes pièces un nouveau territoire, qui sera le siège du Parlement Australien (c’est l’histoiiiiiiire de la vie Canberra). En attendant que ce nouveau territoire soit défini, un parlement provisoire siège à Melbourne.
1927 : hop, hop, hop ! on encartonne, on emballe et on se fait la malle, direction l’Australian Capital Territory, ses étendues de bush, ses moutons et son Parlement provisoire posé au milieu des prés et des eucalyptus.
1978 : voilà plus de cinquante ans que représentants et sénateurs siègent dans un bâtiment provisoire, il serait temps de songer à construire le vrai Parlement, non ? Le prix d’une telle entreprise a fait reculer plus d’un gouvernement mais au diable les varices l’avarice ! décision est finalement prise de lancer une compétition internationale et le
9 mai 1988 : bicentenaire de l’arrivée des Européens en Australie, 87ème anniversaire de la première réunion du Parlement Australien et 61ème anniversaire de l’inauguration d’Old Parliament House le provisoire (vous suivez toujours ?), Queeny inaugure le seul, le vrai, l’unique Parliament House.
3 juillet 2011 : LeGB et LaGB foulent pour la première fois les dalles du Parlement Australien (comment ça, ça n’a rien d’historique ?)
Fin de l’interlude ORTF (vous pouvez assommer la speakerine si le cœur vous en dit)
Voilà quelques lustres déjà que l’envie d’aller visiter Parliament House nous trottait au plafond. Et c’est ainsi que par un dimanche glacialement venteux (bigre ! que voilà bien un style ampoulé, tout de même !), nous eûmes la brillante idée de faire chauffer les bougies krokettiennes pour enfin faire, en un éclair, toute la lumière sur le fonctionnement de la démocratie australienne (ici s’arrêtera la tentative de métaphore à filament filée et lumineuse, y a plus de jus).
Visiter Parliament House, c’est risquer de s’envoler, victime d’une bourrasque plus violente que les autres arpenter, de symbole en symbole, en l’espace de quelques mètres les grandes étapes de l’histoire australienne. Le parvis, orné d’une mosaïque créée par l’artiste Michael Nelson Jagamara, représente l’Australie avant l’arrivée des Européens et souligne les liens étroits unissant les Aborigènes à la nature australienne. Deux portes et un portique de sécurité franchis, le Grand Hall tout de marbres européens et d’essences australiennes marque l’arrivée et l’installation des premiers Européens.
La découverte du symbole suivant nécessite de traverser la Grande Salle de réception, où se tiennent les événements officiels. Salle qui peut se vanter d’abriter la deuxième plus grande tapisserie au monde, imaginée par le peintre Arthur Boyd (et salle qui peut être louée par tout un chacun. L’histoire ne précise pas le tarif de ladite location, le risque de syncope est trop élevé).
Marqueterie et points comptés laissés derrière soi, voici le Members’ Hall, symbolisant l’Australie d’aujourd’hui, d’où débouchent les passerelles menant à la Chambre des Représentants et au Sénat. Un lever de nez et c’est la flèche du Parlement, affublée de son drapeau flottant follement au vent trop enthousiaste, qui vous tend les bras.
A main gauche, la Chambre des Représentants, toute de vert argenté vêtue, couleur d’eucalyptus. Une estrade pour le speaker, une table centrale pour le Premier Ministre, le chef de l’opposition, des greffiers, des sabliers, deux chronomètres et des horloges en pagaille. Sur le premier banc, à la droite du speaker, les membres du gouvernement et à sa gauche, les membres du shadow cabinet. Répartis sur les autres bancs, les députés de la majorité et de l’opposition. Et tout autour, des galeries, pour la presse mais aussi et surtout pour le public. Une galerie vitrée est spécialement réservée aux visites scolaires qui drainent plus de 100.000 bramus élèves par an.
A main droite, le Sénat, tout de rouges et de roses vêtu, couleurs du Red Centre et des fleurs poussant dans le bush. Une organisation somme toute comparable à celle de la Chambre des Représentants (certaines subtilités nous échappant encore). A nouveau, des sabliers et des chronomètres : un discours ne doit pas dépasser vingt minutes. Gare au contrevenant, son micro cessera brutalement d’émettre le moindre son dès la barre fatidique atteinte. A nouveau également, comme dans chaque recoin du Parlement, des horloges (2700 d’entre elles baladent leurs aiguilles dans le Parlement). Pourquoi autant de pendules ? Chaque appel au vote se fait à l’aide d’une sonnerie qui retentit d’horloge en horloge, avec un code couleur indiquant qui du Sénat ou de la Chambre des Représentants est invité à voter. Quatre minutes de sonnerie, pas une seconde de plus. Qui n’est pas dans la salle au bout de ce laps de temps trouvera porte close et ne pourra dire mais : il a été mesuré scientifiquement que le plus grabataire et le plus sourd des membres du Parlement mettait exactement trois minutes et demie pour rejoindre son siège…
Ne reste plus alors qu’à monter au sommet du Parlement, tout au pied de la flèche pour admirer les nuages la vue et découvrir ainsi le dernier symbole du monument : Sénat et Chambre des Représentants, situées sous la flèche, sont donc sous les pieds des visiteurs.
Un dernier petit tour par la Grande Salle, pour admirer l’extraordinaire tapisserie, un soupir d’envie devant les essences magnifiques qui ornent les murs et l’on peut s’en retourner dans le vent glacé pour bien vite retrouver ses pénates, les neurones chargés de chiffres en tout genre, ravis d’avoir enfin visité l’un des lieux incontournables de la démocratie australienne. Ne reste plus qu’à y retourner lors d’une séance parlementaire !
* Ce titre est parmi les pires de l’histoire des Chercheurs d’Oz, on l’admet volontiers…
Outre l’article que je trouve fort sympathique, je kiffe le titre .. Désolée, les » jeux de mollets », j’adore … surtout quand ils sont vraiment stupides
Quoi, quoi, quoi ? Ce jeu de mots tard (tignole) serait stupide ? Horreur, malheur, stupeur dans mon petit coeur ! ^_^
Rooo, je t’aime !! Dans mes bras !!