Gustav, Egon, Oskar et les autres
(National Gallery of Victoria, Melbourne, VIC, 27-07-11)
Hésiter, tergiverser puis jouer à pile ou face. Pile, je reste une journée de plus, face, je n’embarque pas dans l’avion prévu. Gagner, étonnamment, changer son billet d’avion et jubiler en écoutant la nuit tomber et les sirènes rebondir sur la chaussée de Flinders Street.
Déguster au petit matin des croissants qui fondent sous la dent et se répandent en une multitude de miettes à chasser de l’index, offerts par une fée de la pâte feuilletée. Plier bagage à l’heure où l’avion initialement prévu décolle et savourer comme un petit frisson d’aventure, comme une piquante étincelle, de celles qui vous transforment pour quelques fifrelins de temps en corsaire téméraire.
Flâner nez en l’air, les oreilles pleines du murmure de la ville, tout enivrée de ces quelques heures qui s’offrent, follement grappillées au sérieux et au raisonnable. Marcher à petits pas, se perdre entre laneways et avenues immenses, observer la foule qui se presse sur les trottoirs, surprendre des sourires et des éclats de rire, aider des élèves lancés dans une chasse au trésor en essaims d’uniformes. Siroter à petites gorgées prudentes un immense chocolat chaud et s’installer quelques instants au beau milieu du tourbillon de Federation Square, à contempler le ballet des trams, des costumes et des tailleurs.
Rejoindre la National Gallery of Victoria d’un pas plus que digne d’un sénateur, toute confite de soleil, de brise si douce et de notes mélancoliques échappées d’un violon perdu sous un parasol aussi pimpant et coloré qu’incongru. Découvrir l’exposition Vienna Art & Design et s’émerveiller. Lutter contre l’envie pressante et folle de repartir avec un tableau de Klimt sous le bras, se raisonner en réalisant combien une telle toile pourrait être encombrante dans un sac à main bien trop petit… et combien les gardes pourraient se montrer grognons en cas de décrochage intempestif de cadre.
Ressortir les yeux tout éblouis, ravie, comblée d’images et de merveilles et décider de flâner le long des quais de la Yarra River. S’installer en tailleur sur un banc, observer pigeons et mouettes se chamailler vertement pour quelques miettes, repérer dans la foule compacte quelques besaces de co-conférenciers partis à la chasse au lunch. Sentir Melbourne respirer sous ses pieds et se gorger de ces sons, de ces images et de ces odeurs qui font les grandes villes.
Jeter un œil à sa montre et sortir de sa torpeur, filer dans les laneways pour un repas sur le pouce et prendre la direction de l’aéroport. Arriver encore et toujours bien trop en avance et s’installer confortablement, un chai latte et un journal à portée de mains, toute bardée de cette excitation enfantine qui refait surface avant chaque vol. Observer ses futurs compagnons de vol avec bonheur, surprendre les échanges de photos, les potins murmurés et les grandes discussions stratégiques, les pensées déjà perdues quelque part au-dessus des nuages.
Coller son nez au hublot et ne plus bouger d’un cil. Admirer les moutons, les plumes et les brumes suspendus en plein ciel et les montagnes saupoudrées, les routes délicates et les lacs dentelés, les carrières déchiquetées et les lointaines lignes de gratte-ciels. Puis, enfin, retrouver Canberra, laisser derrière soi ces petites heures de rien, merveilleuses et clandestines et replonger avec bonheur dans la petite vie tranquille de notre capitalette si calme.
humhum école bushonnière!
Oui mais c’etait pour ma culture que j’ai battu le bush et la pampa, alors, ca ne compte pas !