Twisting by the pool
(Yarrangobilly thermal pool, NSW, 21-08-2011)
Il avait été gravé dans le marbre dès notre première visite à Yarrangobilly au panthéon des choses à faire absolument, quelque part entre l’achat d’une nouvelle paire de Doc Martens et le tour de l’Australie en van par la Prince Highway. Après quelques mois d’attente puis quelques semaines d’hésitation, le temps du fameux bain était enfin venu, l’heure avait sonné, il fallait sans plus attendre filer sur les chapeaux de roues et retrouver la piscine thermale de Yarrangobilly pour y piquer une tête hivernale.
Las, pas le moindre flocon de neige à se caler sous l’orteil dans les environs immédiats de notre lieu de baignade, pas la moindre volute de vapeur fumant dans l’air glacé. De quoi vous dépiter le plus téméraire des barboteurs… Mais c’était faire peu de cas de notre redoutable capacité à être têtus. Aussitôt arrivés, aussitôt changés et presque aussitôt immergés. Presque ? C’est que, si la neige avait décidé de jouer les divas capricieuses et de laisser le printemps s’installer, le thermomètre, lui, ne l’entendait pas de cette oreille et nous gratifiait d’un glacial grelottant arctique polaire frais huit degrés. LeGB barbotait déjà, bullant, plongeant et éclaboussant à des kilomètres à la ronde depuis quelques siècles que LaGB faisait encore la moue sur le rebord, tâtant frileusement l’eau d’un orteil tout juste sorti de sa chaussette de ski. La polaire enfin tombée (oui, oui, en maillot de bains et en polaire/chaussettes de ski) (l’élégance avait décidé de rester blottie sous la couette comme souvent), l’orteil s’enhardissait à plonger de quelques fifrelins supplémentaires, bien calé sur une échelle… couverte d’algues et bien évidemment follement glissante. Le geste auguste du baigneur se transformait donc bien vite en plongeon de lamantin, vidant la piscine du tiers de son volume d’eau et sortant par la même occasion de leur torpeur hivernale un troupeau de têtards peu ravis du réveil en fanfare.
Car oui, les baigneurs du dimanche ne constituent pas les seuls usagers de la piscine thermale : algues, crapauds et insectes en tout genre s’en donnent à cœur joie dans ses clapotis douillets. De quoi être bien vite transformés en makis sur pattes… et parfois sursauter quand un filament d’algue vient subrepticement vous chatouiller la plante des pieds. Mais quel bonheur de nager ainsi sous les eucalyptus et les gang gang cockatoos au beau milieu de Kosciusko NP, bercés par le murmure de la Yarrangobilly River en contrebas.
Thèse n’était pas en reste, plus qu’impatient de prendre enfin sa seconde leçon de natation. Malheureusement, force est de constater que le mouton qui nous sert de mascotte n’a pas encore saisi toutes les subtilités d’un tel apprentissage. Et c’est donc toussant, crachant et râlant qu’il a fini par s’extirper de l’eau, tenant plus de la serpillière à bottines que de l’ovin conquérant. Essoré remis de ses émotions, il s’est répandu en grognements scandalisés (et en éternuements, se doit-on de préciser), répétant à qui voulait l’entendre qu’il en avait ras le bonnet de boire la tasse et que s’il voulait bien apprendre à nager, il ne le voulait qu’à la condition expresse de ne pas être mouillé. On n’est pas rendus !