Presque le Grand Bleu

(Laurieton, NSW, 05-09-2011) (encore le même jour, oui, oui !)

Crowdy NP n’avait pas été très accueillant, bardant ses plages et ses mangroves de hordes de panneaux promettant pis que pendre à qui ne serait pas muni d’un précieux laissez-passer. Les kilomètres s’étaient amoncelés et il était plus que grand temps de s’arrêter pour un café, les papilles criant à la désertification galopante dans une bouche qui se transformait en papier de verre depuis bien trop longtemps déjà. Laurieton, son café-librairie et son libraire bavard feraient parfaitement l’affaire.

Quelques gorgées aussi brûlantes que réconfortantes, une discussion à bâtons rompus et la confirmation d’un coup de cœur pour « Go The F*ck To Sleep » plus tard, nous étions repartis, ragaillardis et prêts à filer vers Port Macquarie et au-delà. Las, c’était faire peu de cas de Laurieton et de sa baie… C’était surtout faire peu de cas du soleil couchant qui couvrait arbres, écume, sable et nuages d’une délicate couche d’or rougeoyant.

Un joli pont blotti sur un coussin de mangrove, une eau qui pétille et un soleil qui se contemple ravi, de vaguelette en feuille frissonnante, il n’en fallait pas plus pour décider un arrêt fort improvisé et tout aussi déconseillé, en presque beau milieu de la route, propice à quelques photos ainsi qu’à une grande brassée de regards soupirant d’aise et de ravissement.

Au moment de partir retrouver Cranky le Redoutable avant qu’il ne se fasse raboter le pare-chocs, le coeur léger, baignés de soleil et de brise, comme un bruit de respirations en gerbes d’eau sous nos pieds… Un regard circonspect qui s’émerveille bien vite et c’est en quelques instants six bottle-nose (quand même un plus joli nom que dauphin à gros nez, non ?) qui viennent nous saluer de la nageoire, jouant, se taquinant et se poursuivant à quelques mètres de nous. Parmi la troupe, une mère et son petit, collé à elle et couvert d’attentions par les adultes présents. Les jeux se sont poursuivis longtemps, faits de slaloms, de courses et batailles du bout du rostre, interrompus par quelque croque-méduse improvisé. Et nous sommes restés tout aussi longtemps, subjugués, oublieux du crépuscule et du pare-chocs de Cranky, oublieux également des kilomètres qui nous attendaient encore, tout entiers absorbés par cette rencontre aussi magique qu’inattendue.

Nos dauphins valaient bien une déambulation hasardeuse à la nuit noire de routes non goudronnées et cahoteuses en chemins de terre non signalés, le tout agrémenté de demi-tours et de marches arrière… expérimentales au beau milieu d’une forêt compacte et, il faut bien l’avouer, un tantinet sinistre par endroits. Oui, ils le valaient bien, comme leurs jeux valaient bien de tourner, tourner et tourner encore jusqu’à trouver, à 22 heures passées (presque une nuit blanche, en somme), un endroit où poser nos pneus et nos yeux pour la nuit. Mais ceci, c’est encore une autre histoire, riche en lever de soleil et en rencontres fabuleuses…

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