[Retour vers l'outback #2] Oops! We did it again…
(Moi, honte ? Pas du tout, voyons ! Et pis d’abord, chui même pas là, alors…)
S’expatrier dans un pays non saproprelangophone équivaut souvent parfois à se propulser dans la peau de Gaston Lagaffe… Vous ne parlez pas parfaitement la langue de votre pays d’accueil (doux euphémisme…), les prononciations vous jouent parfois des tours pendables et, pour peu que le stress et la fatigue s’en mêlent, vous vous nouez allègrement les neurones, les mots et les pinceaux, pour le plus grand bonheur de vos collègues. C’est ainsi que par la grâce d’un [aïe] prononcé [i], vous affirmez très sérieusement être sur le point de courir toute nue dans les couloirs en agitant les bras alors même que vous ne souhaitiez, à la base, qu’étaler quelques cellules sur milieu gélosé. Fou rire général, suivi d’explications données l’œil quelque peu pétillant.
Les gloussements à peine calmés, vous aggravez votre cas récidivez plongez tête la première dans un nouveau chausse-trappe, employant cette fois-ci un hand pour un hard et transformant par là-même d’un coup de cuiller à pot un travail fastidieux et de longue haleine en un joyeux coup de main… Il vous faudra quelques jours pour que le fard piqué à cette occasion s’estompe (et quelques siècles pour ne plus en entendre parler, certes).
Quelques semaines plus tard, c’est au tour des expressions familières de vous faire tomber dans un traquenard : aucune erreur de prononciation ni de bafouille dans les mots, non. Simplement un choix de verbe malencontreux qui transforme en avances pressantes une demande d’aide des plus raisonnables. Encore une victoire de Canard un collègue au regard interloqué puis au fou-rire inextinguible, encore un fard monumental et quelques bégaiements de rire et de gêne mêlés (surtout de rire, il vous faut bien l’avouer)…
Avant même de débarquer dans votre nouvelle vie, la valise à la main et le Lonely Planet en bandoulière, vous saviez que de telles péripéties vous guetteraient bien vite, que ces confusions seraient votre lot quasi quotidien. Vous les attendiez même avec une certaine impatience, étant tout à la fois source et preuve de progrès.
En revanche, une autre surprise (qui vous pendait au nez) vous a cueillis pas plus tard qu’aujourd’hui… Vivre dans un pays non saproprelangophone, c’est prendre assez rapidement l’habitude de ne pas être compris lorsqu’on parle sa langue maternelle (la logique de cette démonstration est imparable, avouez-le !). Et donc pouvoir se raconter le plus sereinement du monde les pires horreurs sans qu’une seule oreille ne se dresse dans votre entourage. Enfin, en théorie…
En pratique ? Hé bien, en pratique, alors que vous attendez pour commander votre repas, vous remarquez à voix haute combien la serveuse du café est jolie, souriante et agréable. Vous vous interrogez par la même occasion sur la forme et la taille exactes du tatouage dont seule une petite partie émerge de la jupe et du tablier. Quelques minutes plus tard, tatouage, jupe, sourire et jolie demoiselle arriveront à votre table et vous demanderont, en déposant vos plats, « Are you, guys, French? Moi aussi ! « , vous faisant brusquement monter rougeurs aux joues et fou-rire aux lèvres…
(Et si vous vous posez la question, le tatouage demeure un mystère)
« Hand job ». Oh monyeu, je crois que je ne vais pas m’en remettre.
(J’ai été plus souvent du côté de la rare franchouillarde qui comprend l’anglais et qui est parfois amenée à faire deux ou trois remarques signées politesse de base à des anglophones malappris.)
Je ne m’en suis toujours pas remise non plus. Et je me perds depuis en circonvolutions des plus biscornues pour ne pas risquer de me faire avoir a nouveau…
de mon côté et pour de vrai, j’ai eu beaucoup de mal à prononcer le mot de plage sans que les anglais ne comprennent que je souhaitais aller voir une dame aux charmes plus ou moins mises en avant …
La honte… Toute comme mon manager ne savait pas si j’avais faim ou si j’étais très en colère, satané accent !!
Je compatis ! J’ai encore souvent ce genre de « rates » qui font bien marrer les collegues…