De l’eau sur les ponts

(Cotter Dam, ACT, 03-03-2012)

 Offre exceptionnelle ! A saisir de toute urgence !
Chercheur d’Oz en manque d’été échange chape de nuages incontinents contre bouquet de rayons de soleil. Thermomètre euphorique apprécié mais pas obligatoire. Un petit (et très raisonnable) 25 degrés suffira amplement.
Faire passer les propositions au journal qui transmettra.

Voilà en peu de mots ce qui pourrait allégrement traduire les regards résignés qui soupirent en se tournant vers un ciel qui joue les pleureuses dopées aux oignons. Très frais et particulièrement fournis en sulfate d’allyle, ces bougres d’oignons. Si fournis même qu’ils ont transformé la moitié des New South Wales, de Victoria et de l’ACT en piscine, l’autre moitié se voyant, elle, prendre des airs de pataugeoire. Et depuis mardi, c’est toute une litanie de routes fermées, de ponts submergées, de quartiers évacués, d’arbres tombés et de barrages débordants qui se répand dans les journaux. L’on compare les niveaux d’eau (ma crue est plus grosse que la tienne), l’on scrute les rives et l’on compte les nids de poules qui se forment et déforment les chaussées. L’on commente les images radar, le nez collé à la fenêtre, espérant malgré tout qu’une petite accalmie pointe le bout de son nez, afin de filer sur la côte voir l’océan si l’on y est. Et puis l’on glousse comme des baleines en manque de krill (la baleine en manque –de krill- a un rire très particulier, crispant mais très communicatif, le genre de rire qui vous chavirerait un bateau de croisière au large des côtes italiennes) en regardant certains étudiants de l’ANU jouer les aventuriers en goguette sur Sullivan’s Creek, un (normalement) petit cours d’eau de rien du tout qui serpente gentillement à travers le campus et qui, tout par un coup, a décidé cette semaine de jouer les torrents en furie.

Et puis, en désespoir de cause, le radar étant formel et rabat-joie, faute de sable blanc, l’on prend finalement la direction de Cotter Dam sous des trombes d’eau afin d’aller constater de visu ce qui se murmure depuis trois jours : les chutes du Niagara se sont déplacées jusqu’à Canberra et s’en donnent à cœur joie. De route fermée en creek noyé et de détour en itinéraire bis, on finit par arriver, trempés mais ravis, juste en face dudit barrage qui, effectivement, comme qui dirait, se laisse déborder d’enthousiasme et gronde, tonne et débaroule de l’eau en cascade comme s’il en pleuvait… Les curieux se pressent, les parapluies aussi. En contrebas, les arbres en perdent leur racines de saisissement et s’en vont donc, transis de surprise, flottant au gré des courants.

Et il y a comme un petit air ravi qui flotte dans l’air, malgré les râleries météorologiques de rigueur : avec de pareilles trombes d’eau, le spectre de la sécheresse et des bush fires vient de se prendre un sacré coup sur le râble. Pensez donc, Googong Dam, plus grand barrage d’ACT et réserve d’eau essentielle de l’état en cas de sécheresse, est plein à craquer, si plein qu’il en recrachait hier six millions de litres d’eau à la minute… De quoi voir venir les prochains mois avec une certaine sérénité, bien loin des cauchemars qui agitaient l’ACT il y a cinq ans, lorsque le barrage n’atteignait plus que 30% de sa capacité, suite à une sécheresse persistante et dramatique. Cette sérénité vaut bien quelques jours les pieds dans l’eau… Et puis, à bien y regarder, c’est plutôt joli, ce raz-de-marée de parapluies et de bottes en caoutchouc qui envahit les rues canberriennes !

Pour en savoir plus (ou du moins en voir un peu plus) : les galeries photos proposées par le Canberra Times et le Telegraph et puis aussi la webcam qui couve le Cotter Dam des yeux, histoire d’avoir un peu Niagara australien dans son salon…

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>