Step par step
Etape by étape, petit à petit, on devient moins petit, l’oiseau fait son nid, on s’habitue à l’Australie.
Vous voulez quelques éléments de preuve ? Les voici, les voilà…
* L’un des chantiers les plus importants en cas d’expatriation, l’alimentation… Alors, non, on ne se roule toujours pas dans la Vegemite mais on vous rappelle que pour apprécier à son (in)juste valeur cette infâme mixture, il faut être né sur place (la collection Happy Little Vegemite, par contre, parait plutôt sympathique…). En revanche, nous sommes définitivement conquis par l’incroyable choix qui s’offre à nous en matière de restaurants et de produits alimentaires. Nous avons rarement cuisiné autant asiatique (et ce n’est pas peu dire). LGB version masculine menaçant de passer mes vernis par pertes et profits si précision n’est pas apportée quand au non partage des tâches culinaires, je tiens donc à souligner que seul l’élément mâle du foyer cuisine (merveilleusement bien, cela va de soi) (tu me rends mes vernis, cette fois ?) et innove, jonglant brillamment et quotidiennement avec pak shoi, mini-maïs et chouchoux, mines et udon, pousses de bambou et autres sauces d’huître, sans oublier de parsemer le tout de crunchy peanut butter.
Pas d’absence alimentaire particulière à déplorer, donc, ni le saucisson, ni les rillettes, ni même le fromage ne nous travaillent les neurones. Le Grand Brun avoue seulement du bout des lèvres qu’il est en manque de croissants. Et pourtant, depuis notre arrivée, il en a repris, du croissant… A moins que ce ne soit de la brioche ?
* Le bus pour aller travailler est désormais de l’histoire ancienne. Dommage collatéral insoupçonné, voilà que LGB modèle féminin se prend pour le Groenland, fondant (presque) à vue d’œil. L’avantage de jouer au pergélisol soumis au réchauffement climatique ? De bons arguments pour étoffer la garde-robe, l’excuse selon laquelle les armoires détestent le vide n’étant pas suffisamment convaincantes, même à des oreilles totalement acquises à la cause greluchesque…* Parler anglais devient un automatisme, soumis tout de même à quelques ratés pas très occasionnels… La fatigue aidant, la fin de journée devient le moment privilégié du mélange subtil de mots. Trêve de confusions de mots, voici venu le temps de l’île aux enfants des insertions aussi inopinées qu’involontaires de mots français dans des phrases tout ce qu’il y a de plus anglais… De quoi offrir quelques regards interloqués et fou-rires aux infortunés collègues faisant les frais de nœuds de langage tels que » If you have other things to faire, just tell me ». Nœuds de langage qui connaissent leur réciproque une fois LGB & LGB revenus en zone non-anglophone dans leurs pénates : il est parfois difficile de se souvenir de certains mots français, trop habitués que nous sommes à employer l’équivalent anglais. Voila bien une situation que nous trouvons des plus cocasses… Preuve s’il en est qu’oreilles et neurones se font au changement de langue.
‘‘No worries’’ est d’ailleurs devenu un élément à part entière de notre vocabulaire, talonné de très près par ‘‘Anyway !’’. Les expressions locales commencent à entrer dans nos habitudes, tout doucement. Les jurons prononcés régulièrement demeurent français mais nous envisageons des traductions aussi imagées que fleuries à court terme.
* Dorénavant, comme tout habitant du coin, la pluie nous réjouit au plus haut point. Le ciel a beau être plus que bas, la pluie harassante et le vent angoissant (après le dernier épisode pluvieux en date -hier- on ne compte plus les mimosas et eucalyptus tombés tout ou partie au sol), nous savons combien la pluie est rare et donc cruciale pour une bonne part de l’Australie. Les incendies de 2003, menaçant dangereusement Canberra toute entière et dévastant, entre autres, les suburbs de Duffy, Chapman et Giralang ainsi que les réserves naturelles de Namadgi et Tidbinbilla restent gravés dans toutes les mémoires, les traces du désastre étant encore visibles un peu partout. Alors, tant pis si la pluie est encore froide et peut nous valoir de magnifiques cloques sur les murs de l’appartement, particulièrement décoratives, surtout si elles s’agrémentent de moisissures, comme c’est le cas depuis quelques jours. Joie, bonheur et purée de chou-fleur… Un jour, on vous racontera les galères de l’immobilier en ACT, promis !
La liste demeure incomplète mais ces petites constatations nous aident à mesurer les progrès réalisés depuis bientôt trois mois que nous sommes là. Mais également à nous rendre compte combien cette nouvelle vie nous comble : nous ne nous sentons pas étrangers, ici. Sans doute l’une des meilleures preuves que le pari peut être, pour l’instant, considéré comme remporté haut la main !
NDLGB : les photos ? Une horloge choupinou-kitsch vue à Melbourne, s’animant et chantant à l’heure pile. Quoi de mieux pour illustrer le temps qui court, qui nous rend sérieux (Alliage… Là, sérieusement, on touche le fond –et on continue à creuser…) qui passe ?