[Retour vers l'outback #13] A la courte page

(Dis, c’est quand qu’on repart, hein ?)

Long week-end ? Public holiday ? Vacances qui approchent ? Le rituel est immuable : en tailleur  sur le canapé, Lonely Planet à la main, calepin mignon, stylos et surligneurs à foison, idées en pagaille et tonneaux de cidre à portée de gosier (faudrait voir à ne pas se déshydrater) (comment ça, le risque est moindre en plein hiver été pourri ?) (on est en Australie, tout de même, on n’est jamais trop prudents) (à ce propos, le Mad Brewers Fallen Apple Cyder est une véritable petite merveille) (fin du troupeau de parenthèses). Une nouvelle page de calepin, un joli titre souligné de près et les abréviations, annotations, post-It, points d’exclamations, astérisques et mesures kilométriques se succèdent, ordonnés et disciplinés.

Rien que de très naturel et plutôt diantrement organisé en temps de préparation vadrouillesque, vous direz-vous ? Malheureusement, très vite, tout bascule : les propositions fusent, les pages du Lonely Planet volent, les calepins se noircissent à vue d’œil, les kilomètres à venir s’entassent, les neurones fument, les journées envisagent de doubler leur durée de vie légale. Bientôt, c’est les yeux fous, les cheveux en pagaille et la bave aux lèvres que LaGB énumère sans répit (et sans respirer) une interminable litanie de noms de plages, musées, randonnées, parcs nationaux, monts, merveilles et vernis à ongles (ah non, pas ça) (quoique) absolument incontournables-que-tu-comprends-ça-ne-vaut-même-pas-la-peine-de-quitter-la-maison-si-on-ne-passe-pas-par-là-et-puis-là-et-aussi-là-et-oh-mais-regarde-comme-ça-a-l’air-chouette-par-ici-non-mais-c’est-vrai-quoi-le-Lonely-Planet-est-formel-et-de-toute-façon-le-Lonely-Planet-a-toujours-raison-et-moi-aussi-d’ailleurs. Sous le regard médusé et quelque peu résigné du LeGB, c’est toute une farandole d’activités diverses qui se donnent la main et dansent la bourrée dans le salon. Le programme prend des allures de camp d’entrainement militaire, avec levers aux aurores et feuille de route balisée au millième de seconde près.

Point de répit ! Même la nuit est propice aux listes infinies d’endroits incontournables dressées en plein sommeil. Un réveil en sursaut, une lampe de chevet allumée en quatrième vitesse et c’est un furieux griffonnage qui s’abat sur un pauvre calepin qui n’en puit plus, agrémenté de petits coups de coude au LeGB qui n’en puit guère non plus. C’est qu’il faut bien partager les dernières fantastiques destinations à venir, non ? Et d’abord, tu charries, ce n’est pas si loin d’aller voir cette cascade-ci ou ce village-là. 300 kilomètres de détour, une paille ! Non, vraiment, sur quelques milliers de kilomètres du périple à venir, 300 de plus ou de moins, c’est tout bonnement rien du tout, peanuts, macache, nada, nothing, peau d’balle.

NDLaGB : toujours plus de synonymes apprendras et utiliseras. Ainsi, encore plus facilement sous un flot de paroles ton interlocuteur enseveliras et la partie gagneras.

Las ! LeGB a progressivement acquis une formidable résistance aux envolées touristico-hystériques et attend dorénavant sereinement que le premier enthousiasme retombe quelque peu, une fois trois calepins, huit stylos et une douzaine de surligneurs épuisés (ou très discrètement subtilisés et tout aussi soigneusement dissimulés). Le Lonely Planet respire enfin et LaGB, brusquement au chômage technique, reprend progressivement figure à peu près humaine. C’est alors l’heure du tri, de l’élagage, des choix, du tirage au sort, des pile ou face, des concessions, de la négociation, des pourparlers sans fin, du chantage et enfin de la courte-paille.  Parce que non, définitivement, LeGB est petit joueur formel, on ne sillonnera pas les 3680 kilomètres reliant  de Melbourne à Cairns par la côte en camper-van en huit petits jours.  No way !

NDLaGB : pfff ! D’après Google Maps, c’est tout à fait faisable en 1 jour et 21 heures…

NDLeGB : peut-être mais… y a que moi qui conduit !

NDLaGB again : même pas vrai ! Enfin, presque même pas vrai…Il faut juste que j’arrête d’avoir peur de mon ombre, c’est tout (et c’est pas gagné, certes).

4 thoughts on “[Retour vers l'outback #13] A la courte page

  1. Upside down girl

    Ah mais ça va pas la tête! ;-) Je soutiens formellement LeGB pour interdire le projet Melbourne-Cairns en 8 jours! ce serait trop frustrant il faudrait faire de la route tout le temps! (bon je sais qu’on voyage plus lentement que vous mais rien que Melbourne-Sydney-Melbourne en 9 jours nous a paru trop court tellement on a du faire de choix!) Bon sinon je te réponds vite pour Paques car comme ici on manque de carnets, stabilos et organisation, notre week-end de Paques se passera en partie sur Melbourne!)

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    • lagrandeblonde Post author

      Apres coup, effectivement Melbourne-Cairns en huit jours, ca fait un peu court. Mais un mois et demi, ca se tente sans souci… C’est quand, les vacances ?
      Je t’ecris ce week-end pour te dire comment on pense s’organiser, OK?
      Bon courage, c’est presque le week-end !

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  2. Juliette doesn't know

    Mwouahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh comme je te comprends!!!! On dirait nous (heu enfin moi qui m’emflamme un peu)- j’envisageai serieusement un Sydney-Brisbane (avec un crochet fraser island) en 4 jours alors….. je peux rien dire! Pour le coup par contre c’est MOI qui conduis hehe

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    • lagrandeblonde Post author

      C’est un peu court mais ca peut se faire sans souci… Allez, rajoute deux jours et tu peux, en plus de la cote, faire Springbrook NP (on aurait adore y rester une semaine, c’est somptueux) et deux, trois autres petits crochets sympas. Adjuge ? ;-)
      Si vous filez par la-bas, dis-moi, j’ai deux ou trois jolis coins a te proposer…

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