Un cabas made in Canberra
(Au Farmers’ Market, Canberra, 31-03-2012)
Il y avait eu moult râleries et soupirs, d’innombrables grogneries de week-end, à base de « mais pffff ! c’est nul, j’veux aller au marché, moi » et de « si j’avions su, j’aurions pas v’nue, j’serions restée à Bordeaux pour profiter du marché des Chartrons et puis aussi des Capucins et de St Michel ». Il y avait eu des rêveries à base de poulet rôti tout juste débarqué de son four, la peau craquante et le fumet enivrant, de douces rêveries farcies de légumes tout frais cueillis, de fruits encore piquetés de rosée et de fromages à peine descendus du pis de la vache ou des étagères d’affinage. Et puis il y avait des virées mi-euphoriques, mi-désespérées à Paddy’s Market, des petits cris émerveillés devant les pyramides de prunes, d’aubergines ou de salades, des soupirs d’aise devant les scrupuleux alignements d’herbes aromatiques.
Surtout, il y avait des rumeurs qui couraient. Des rumeurs qui racontaient un marché légendaire, un marché mystérieux, insaisissable, un marché de producteurs camouflé quelque part dans Canberra. Parfois, le lundi matin, d’aucuns collègues débarquaient, le sourire conquérant et la lunch box frétillante, les yeux encore pétillants de ces étals couvés du regard, convoités avec délectation, regorgeant de denrées toutes plus merveilleusement fraiches les unes que les autres. Et il y avait des explications, toujours un brin élusives, une poignée de directions un peu vaseuses et comme une louchette de mauvaise foi, comme une pincée de réticence à confier le secret du Farmers’ Market.
Et puis un samedi matin d’automne tombé du lit, il y a eu un petit tour par l’EPIC, un petit tour né d’une bifurcation ratée (se perdre dans Canberra, tout de même, quel comble, ricanez-vous tout bas) (et vous avez raison, foi de LaGB) (mais chut ! pas un mot au LeGB, il va se vexer) (il a un petit cœur d’automobiliste sensible) et d’un peu de hasard, de ce hasard qui fait souvent rudement bien les choses. Et c’est ainsi que tout par un coup, une avalanche de courgettes géantes, de golden squashes, de cucurbitacées toutes cabossées, de brocolis jolis, d’aubergines divines, de champignons mignons, de prunes croquantes, de finger limes mystérieux, de coings biscornus, d’épices aventureuses, d’olives moelleuses et de condiments étonnants s’est répandue sur le coin de notre nez, sous nos yeux de merlans frits crapauds morts d’amour gourmands conquis z’et comblés.
Depuis, le samedi matin, foin de grasse matinée, pas de farniente qui tienne, plus question de jouer des heures durant les dompteurs de fumée de tasse à café dans le backyard. Adieu flânerie, bonjour marché aux presques aurores ! C’est qu’au Farmers’ Market, on ne plaisante pas avec les horaires, qu’on se le dise ! Qui veut emplir son panier d’emplettes gourmandes devra se plier a une discipline de fer : le Farmers’ Market ouvrira ses portes à huit heures pour les refermer trois heures plus tard. Et pas une minute de plus, qu’on se le tienne pour dit ! Non mais ! Qui nous aime nous sacrifiera bien une grasse matinée, non ?
Ainsi, tous les samedis matin, ça bougonne un peu en ouvrant les yeux avant même que les premiers rayons du soleil ne commencent à bailler. Et puis, l’appel du ventre aidant, on se dit que de toute façon, c’est très surfait, les grasses matinées… Avant d’ajouter en baillant que, finalement, la sieste, il n’y a vraiment que ça de vrai. Mais en attendant, hop ! hop ! hop ! on file au marché !
Il a l’air superbe ce marché !
Il est plutot tres sympa, oui. Petit mais on y trouve plein de chouettes produits. Et puis, de toute facon, c’est toujours chouette, les marches !
Ouf nos grasses matinée ont eu chaud chez nous ça ferme à 13h! C’est vrai que c’est quand meme tellement plus agréable de faire ses courses au marché! J’en profite aussi pour te dire que j’ai adoré ta Vi(ctoria)déo! très belle, et qu’on termine avec une seule envie: en voiture Simone!! Allez plus qu’un vendredi et le marché est de retour
Merci
Bon marche a vous aussi, demain ! En attendant qu’on aille au Farmers’ Market ensemble un de ces quatre !
Trop beau, j’adorerais m’y promener
Il est vraiment sympa, petit (a peu pres l’equivalent de la moitie de la halle des Capucins) mais vraiment chouette. On t’attend