La Grande Tremblotterie
Vendredi matin à la tea-room. Friday cake. Comme de coutume. Il fait frais, il pleuvine et les semelles couinent un peu. Comme de coutume. Les discussions vont bon train, on rit et on s’interpelle. Comme de coutume. Etonnamment, la pièce ne bourdonne que d’une seule et unique conversation. Pas du tout comme de coutume. Plus étonnant encore, il ne s’agit pas de donner son avis sur la météo indigne d’un mois d’avril. Que diable ! ne pas se découvrir d’un fil, c’est bon pour les nordistes de l’hémisphère du dessus. Déjà qu’on n’a pas eu d’été, tout fout l’camp, ma pôv’ Lucette, y a plus d’saison, que j’vous dise, c’était pas comme ça dans l’temps !
Oh non, rien de tout ça aujourd’hui… Il n’est question que de lits qui vibrent, de matelas qui tanguent, de petits matins agités, encore un peu de vibrations et puis de réveils en fanfare, de frissons de petit jour, de tremblotements de lever de soleil. De quoi ouvrir de grands yeux et puis tout grand ses oreilles aussi lors du choix d’une part de cake, les neurones encore un peu embrumés par sa propre nuit trop courte. C’est qu’on ne sait jamais, les potins croustillants se cachent parfois entre un cheesecake et deux cookies. Et puis, tout une équipe qui évoque une même fin de nuit agitée, ça a de quoi surprendre, ce n’est pas tout à fait banal, même pour un vendredi matin. Friday cake adoucit les mœurs, certes, mais tout de même !
Et puis, très vite, l’espoir de potin croquignolet croustillant craquant fond comme soleil sous la brume. Tous ne parlent que du tremblement de terre qui a « secoué » Canberra au petit jour. 3,7 sur l’échelle de Richter à 5 heures 09 précisément, de quoi provoquer des hoquets de rire chez le Kiwi du labo, pour qui, en-dessous de 5, on ne peut vraiment pas du tout parler de séisme. Mais alors vraiment pas ! Enfin, quand même, répondent les Canberriens pur jus un poil vexés, c’est l’un des plus importants séismes ressentis dans la région. Bloody Kiwis !
A la tea room, le vendredi qui suit un tremblement de terre, on attend les répliques un peu fébriles, la main bien serrée autour de sa tasse de café. Ce qui fait marrer les Kiwis blasés du trémor, évidemment. Kiwis taquins qui font trembler la table d’un genou et crient à l’aftershock, les yeux plissés de rire contenu. Les heureux réveillés par l’événement racontent encore et encore comment et combien ils ont maudit Toby, le chien de la maisonnée, qu’ils pensaient s’être installé sous le lit tout exprès pour se gratter furieusement une puce matinale (car oui, c’est un fait, les puces, comme les tremblements de terre appartiennent à ceux qui se réveillent tôt). Avant de s’apercevoir qu’il devait s’agir d’une grosse, même diantrement grosse puce, capable de ne pas faire vibrer que le seul lit mais aussi les tables de nuit et la fenêtre, lancées tout par un coup dans une gigue aussi endiablée que brève. Sacré Toby tremblement de terre !
Ca doit être quand même un peu angoissant à vivre, surtout de si bon matin !
Ben, en fait, on n’a rien senti du tout, nous… Mais effectivement, ca doit faire un peu bizarre au reveil !
Je crois bien n’en avoir même pas entendu parler, ici, dans l’hémisphère Nord….il faut dire qu’ici il y a d’autres enjeux qui risquent de faire trembler…
Mais on doit avoir un coté Kiwi!
Et vous…vous avez senti quelquechose???
Rien ! Du tout. Quelle deception, tout de meme !
ton article m’a bien fait marrer! Hier on a eu une secousse à 4.2, avec l’epoux, on s’est regardé, il a dit « ca a bougé non? » jai dit oui et on a parié sur la force de la secousse et on s’est precipité sur geonet pour savoir lequel de nous 2 serait le plus proche. Et à chaque fois, c’est lui Damn!
Je vous imagine bien vous precipitant sur l’ordinateur pour verifier qui avait raison! On ferait pareil, c’est certain…