Sur la route encore…

(Quelque part au beau milieu de nulle part, South Australia, 26-12-2011)

Il suffit souvent simplement de délaisser la côte, de faire quelques pas hors des grandes villes. Alors, bien vite, la route s’étend, s’étire et se répand. Bientôt, il n’y a plus que ce long ruban qui file et se tortille. Et puis quelques voitures lancées à l’assaut de l’asphalte sans fin. Vous voilà presque seuls au monde, presque au bout du monde, vous et quelques autres, embarqués à toute berzingue dans un drôle de voyage quasiment immobile au milieu de nulle part.

Du bush, du bush et encore du bush. Quelques arbres, plus ou moins rabougris. Des buissons qui courent en bord de route, de l’ocre, du rouge latérite, du sable aussi parfois. Des fleurs, des bleues, des jaunes et puis des roses aussi. Des nuages au loin ou bien vraiment trop près, des champs à perte de vue, du bétail et les road signs qui vont avec. Des road trains aussi, qui filent et qui tanguent parfois un peu. Des kangourous, fringants ou bien raplapla en bord de chaussée, des émeus, quelques wombats les quatre fers en l’air. Parfois quelques biquettes sautillantes. Et puis aussi des lézards,  des gros et des plus petits, placides et nonchalants, confortablement baignés de soleil en plein milieu de la highway, posés stratégiquement pour être pile entre les roues, histoire de profiter d’une douce petite brise sur les écailles.

Des champs à perte de vue. Des vergers d’orangers et puis de macadamia aussi. Des vignes qui jouent les géomètres, des prés, des creeks, des friches et des corps de fermes, massifs, perdus, immenses. Du désert parsemé de quelques oasis, des lacs de sel, de la terre craquelée de soif, des boulders ronds et rugueux à la fois, des ruines et quelques rails de chemin de fer.

Des villes, des villages, des hameaux minuscules. Des roadhouses et des cafés posés là au milieu de ce grand rien si empli de vie. Des drôles de pancartes qui indiquent le nombre d’habitants, de moutons et de mouches fréquentant la bourgade, quelques carcasses de voitures mangées de soleil.

Et encore, et toujours, cet immense ruban qui file, qui file si loin qu’on ne saurait dire s’il aura une fin, s’il y aura un bout. Il y a comme un peu de magie dans ces drôles de lignes qui filent, dans ces drôles de routes qui roulent et se déroulent. Oui, il y a un peu de magie, un grain de bonheur, d’émerveillement et de folie mêlés dans ces drôles de routes qui mènent aux merveilles dont on parle sur les guides, ces drôles de route dont on ne parle pas assez, ces routes dont on ne dit pas les appâts. Il y a déjà des merveilles sur ces routes, oh oui ! Comme un peu d’Australie distillée sur ces longs filets d’asphalte chauffé à blanc. Comme une invitation au voyage, à l’ailleurs, à l’aventure. Et l’on y prend goût, oh ! si vite, à ces longs rubans qui s’étendent, s’étirent et se répandent, à ces routes qui filent et se tortillent. Oui, il suffit souvent simplement de délaisser la côte, de faire quelques pas hors des grandes villes…

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