Chauffeur, si t’es champion…

(Le plein de ma Wenolte, please !)

Un matin à la tea room (on ne change pas une équipe qui gagne). Il fait toujours aussi frisquet, les tasses fument toujours de concert et ça papote toujours autant. Oui, décidément, on ne change pas une équipe qui gagne… F. évoque avec tendresse et nostalgie sa première voiture, une vieille guimbarde qui pétaradait diantrement à la moindre côte et dont les pneus menaçaient régulièrement de faire sécession. D’ailleurs, tiens, les deux Frenchies du bout de la table, ça devrait vous dire quelque chose, c’était une voiture française, une Wenolte Five pour être exact. Les deux Frenchies en question camouflent le sourire en coin qui monte, qui monte, qui monte guili-guili et répondent en chœur « Ah oui ! Une Renault, quoi. Y a pas de [lt] qui tienne en français, tu sais, F. ».

F. fronce le sourcil. Non, non, c’était une Wenolte. Et certainement pas une Weno. Pfff ! Vous n’y connaissez vraiment rien, vous, les nanas (F. a une –très- légère tendance à jouer les machos de bac à sable). S’ensuit alors une longue partie de ping-pong verbal de part et d’autre de la table, à grands coups de « puisqu’on te dit que ça se prononce comme ça, on sait quand même de quoi on parle… » et de « même pas vrai d’abord, le garagiste disait Wenolte aussi et de toute façon, ici on est en Australie et on dit Wenolte. Franchement, vous n’y connaissez vraiment rien ! ». Il y a comme de la fumée qui commence à sortir des oreilles des deux bloody Frenchies dont la patience tend à réduire comme peau de chagrin et neige au soleil. C’est que F., décidément, a du mal à se départir de son petit air condescendant… De quoi risquer à force, d’inventer le mouvement presque perpétuel et de rester coincés à la tea room au moins jusqu’à ce que mort s’ensuive, perdus dans une bataille à base de Weno contre Wenolte, aucun des protagonistes ne souhaitant lâcher le morceau. Et tant pis pour les manips !

Heureusement, voilà J. qui arrive… Pauvre J. pas très réveillé, focalisé uniquement sur sa tasse de café à venir et qui se voit soudain assailli, pressé de questions métaphysiques et linguistiques. Ca se chamaille et ça s’interrompt, chacun souhaitant forcément influencer le cobaye innocent, sûr de son bon droit et de sa bonne prononciation. Après cinq minutes d’âpres pourparlers, décision est prise : éthique et conscience professionnelle obligent, le fameux mot sera écrit sur un bout de papier et J. le lira à voix haute. Aussitôt dit, aussitôt fait ! J., la voix tremblante d’angoisse et les mains tremblantes de manque de caféine, s’empare du précieux gribouillis, fronce un sourcil incrédule, étouffe bien vite un rire sous le regard noir des deux camps, prend une grande inspiration et laisse un « Ben, on dit Weno , évidemment !» s’échapper. Le temps suspend son vol quelques instants, le mot frétille de la lettre dans le silence de plomb qui pèse sur la tea room. F. se renfrogne, se lève, empoigne sa tasse et se dirige d’un pas lourd vers les escaliers en bougonnant dans ses trois poils de barbe. Avant de faire demi-tour, de toiser J. d’un air accusateur et de lancer : « De toute façon, ça compte pas, toi, tu viens du Queensland, t’y connais rien, en Wenolte ! » et de filer, drapé dans sa dignité outragée… Mauvais perdant, va !

6 thoughts on “Chauffeur, si t’es champion…

  1. Sev

    aaaaaaahhhhh, les prononciations australiennes, ça console quand même un peu parce que c’est souvent de notre prononciation dont on se moque
    N’empêche, quelle tête de mule ce F!!

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    • lagrandeblonde Post author

      Quel mufle, meme, ce F. !
      Pour les prononciations, c’est une veritable petite vengeance, savouree a grands coups de gniarc gniarc gniarc :-D

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