Tiens, voilà du dauphin !
(Monkey Mia, WA, 09-07-2012)
Tout a commencé par des pieds qui traînent un peu et un soupir qui souffle, mais qui souffle ! C’est que si LeGB est sociable, LaGB, elle, a été grizzli ascendant grognon dans une vie antérieure et la foule (lire plus de quatre personnes mises côte à côte), groumpf ! ce n’est vraiment pas son buisson de myrtilles ni son saumon frayeur et frétillant remontant le courant (ni même, plus simplement, sa tasse de thé)… A tel point que, dans un sursaut de mauvaise foi, il a même été un temps envisagé de faire l’impasse sur Monkey Mia, ses dauphins (et ses hordes de curieux). Juste un temps, juste le temps de renoncer à l’idée de pousser jusqu’à Ningaloo. Parce que, d’un coup, l’excuse du manque de temps ne tenait plus du tout… Dammit!
Et donc, un dimanche matin de tout début juillet, il y a eu un départ de Denham sous les étoiles, des yeux qui se frottent pour chasser les dernières brumes de sommeil, des portières qu’on essaie (en vain) (G[r]o-Kombi est un éternel récalcitrant aux bonnes manières) de claquer sans bruit pour ne pas réveiller les voisins de tente. Et puis un petit bout de route, juste quelques kilomètres perdus au milieu du salt bush. Un petit œil à gauche, oh ! un fifrelin de crique ! Un petit œil à droite, oh ! le ciel commence à rougir ! Un petit œil tout droit, oh ! la barrière du Monkey Mia Resort ! Enfer, betteraves et fil de fer, freine mais freine !
Une légère embardée plus tard et un petit écot versé à l’entrée, il y a eu un chai latte et quelques tartines partagées avec un bunch de backpackers mi-Frenchies mi-Aussies partis de Darwin et fermement décidés à filer jusqu’à Adelaïde par la côte. Ce qui, bien évidemment, a encore un peu plus renforcé les envies vadrouillesques qui bourgeonnent encore et toujours dans nos petites têtes de piafs… Un jour, on le fera, le tour de l’Australie, un jour !
Et puis une fois la vaisselle faite et les dents lavées (en road trip, le lavage de dents, tout comme la vaisselle, tiendrait presque du marquage de territoire : « Toujours dans les lieux sympathiques où t’arrêteras, tes dents brosseras ou ta vaisselle laveras » semble être la devise incontournable de tout aspirant bourlingueur), il y a eu un départ vers la plage, juste à quelques pas. Un premier arrêt sur le deck, où attendre que les dauphins arrivent, sans les perturber, sans les brusquer. Quelques personnes, oui, mais pas de foule compacte, des rangers ravis de causer de leurs protégés à nageoires et une attente qui se fait vite fébrile… Bien vite, un premier aileron et puis un deuxième. Des « Là, là ! Regardez ! » et puis des « Où ça, où ça ? » qui fusent et se répondent… Quelques explications écoutées avec sérieux, une interdiction maintes fois répétée de toucher les animaux et hop ! tous pieds nus, tous en rang d’oignon et tout au bord des vagues. Des dauphins qui jouent, s’ébrouent, s’éclaboussent et cabriolent et des humains qui poussent des oh ! et des ah ! ravis, des enfants qui piaffent et puis des grands aussi. Parce que tout de même, il y a quelque chose de magique à contempler ainsi ce groupe qui joue, se taquine et se dorlote à quelques minuscules mètres de rien du tout…
Les volontaires arrivent bientôt, chargées de poissons. Elles frissonnent un peu, c’est que le fond de l’eau est frais, de bon matin… Les dauphins s’installent tout près, chatouillent un mollet du bout de la nageoire, saluent leur volontaire en vieux copains. D’autres, plus enjoués, enchainent les dérapages plus ou moins contrôlés dans vingt centimètres d’eau et se fendent la poire en arrosant les visiteurs qui étincellent littéralement de joie… et de gouttelettes d’eau salée. Et puis le moment solennel arrive : c’est l’heure de nourrir les habitués… Quelques visiteurs, à peine une petite dizaine, peut-être, sont désignés et, fiers comme des harengs ou un peu anxieux, c’est selon, ils accomplissent leur devoir de becquée.
Bien vite, les dauphins filent un peu plus loin voir si l’eau est plus douce. Les visiteurs s’éloignent, qui vers les bungalows, qui vers les bateaux et il semble que ce soit l’heure d’un deuxième chai latte. C’est qu’il fait tout de même rudement frisquet… Quelques minutes plus tard, enfin réchauffés, il est temps de filer à nouveau sur la plage et de s’installer les orteils en éventail (et l’écharpe scrupuleusement enroulée autour du cou) pour guetter si, sait-on jamais, les dauphins reviennent…
Et d’ailleurs, les revoilà ! Comme souvent, après une première visite, toujours à la même heure, ils se laissent tenter par un second petit tour. La plupart des visiteurs vaquent à d’autres occupations et il ne reste qu’une poignée d’irréductibles curieux, silencieux et ravis, tout acquis à la cause de la petite troupe de dauphins bien décidée à jouer les clowns amphibies… Ca saute et ça gazouille, ça bulle, ça fait des loopings et des clins d’œil. Et tout de même, foule ou pas foule, c’est rudement chouette, foi de grizzli grognon Grande Blonde !
Et ce n’est que le début d’accord, d’accord de nos aventures Monkey Miaesques. La suite au prochain épisode ! En attendant, la suite peut aussi se (re)voir un peu ici…