(Wai-o-Tapu, North Island, New Zealand, 22-12-2012)

Lady Knox geyser retourné à sa sieste post-savonnage, il était temps de filer voir dans le reste du parc de Wai-o-Tapu à quelle sauce les lacs d’acide allaient être mangés… Bien vite, heureusement, nos doutes ont fondu comme savonnette sous la douche : pas de doutes, les bulles et les panaches de fumée sont des vrais, des forts, des tatoués, ceux-là, pas des provoqués-de-bon-matin. Non mais !

Quelques pas pour s’éloigner des bâtiments et bien vite, des noms plutôt évocateurs : Devil’s Hole, Devil’s Pool ou encore Devil’s Spa. Bienvenue au paradis du soufre, là où le centre de la Terre n’est jamais très loin de vos orteils… Et qu’est-ce qu’on y croise, alors, dans l’antre de la Terre ? Hé bien, on y croise, en vrac et pas dans l’ordre :
- trois sentiers qui s’entrelacent, quelques marches et peut-être même une petite échelle de rien du tout,
- des lacs qui crépitent, du bleu, du jaune, du vert, de l’orange et même un peu de pourpre,
- des vapeurs qui s’enroulent autour des arbres et y laissent une fine pellicule de minéraux, délicatement peinte sur l’écorce,
- des bulles, des bulles, des bulles, des bulles d’eau, des bulles de boue, des bulles de gaz, des bulles qui glougloutent, des bulles qui chantent, des bulles qui craquètent, des bulles qui sifflotent, des bulles qui éclatent, pouf ! pof ! paf !
-des cascades d’eau bouillonnante,
- des lacs (ou parfois juste des flaquinettes de rien du tout) de boue, qui mijotent doucement ou qui explosent bruyamment,
- des grottes couvertes de cristaux de soufre,
- des panneaux qui disent et répètent « attention, c’est chaud ! » et des guides qui font non de la tête (et les gros yeux aussi) aux téméraires qui envisageraient presque de tremper un orteil à droite à gauche histoire de voir si c’est vraiment si chaud que ça,
- des volutes de fumée qui sentent le soufre, acides, âpres, qui finiraient presque par faire tousser. Mais qui doivent être rudement pratiques pour se débarrasser d’une sinusite…
- des oiseaux installés là depuis, semble t’il, quelques générations, le bec en acier trempé et le ventre bien dodu à force de boulotter des dizaines d’insectes cuits à point sur les rives de la Frying Pan,
- encore des cascades, figées cette fois, des cascades de sédiments oubliées là sans doute par quelque geyser disparu depuis,
- une passerelle qui s’étire juste au-dessus d’un lac d’eau chaude,
- une Champagne Pool qui bulle à petits bouillons et qui, pour le coup, crépite littéralement, toute ourlée d’orange vif, une Champagne Pool qu’il faut deviner sous la brume de plus en plus dense,
- encore des lacs de boue, des qui font splotch, splotch et puis puf, puf aussi. Des qui recouvrent parfois les arbres alentour quand l’enthousiasme les gagne un peu trop,
- mais plus la moindre paillette de savon à l’horizon…