Enlighten – Et soudain, tout s’éclaire

(National Portrait Gallery, Canberra, 09-03-2013)

L’année dernière, notre sens aigu de l’organisation (toujours lui) nous avait fait rater Enlighten de peu. Oh, trois fois rien, pensez donc, juste une semaine ou deux. Sauf que, hé ! pour Enlighten comme pour le reste, après l’heure, c’est plus l’heure. Et que les organisateurs ont tendance à glousser ardemment quand on leur demande s’ils ne pourraient pas, après tout, se fendre d’une nouvelle édition très privée cette fois-ci pour les quelques retardataires lost in calendar.

Drapés dans notre dignité quelque peu froissée, nous nous étions jurés , mais un peu tard, qu’on ne nous y reprendrait plus. Et que cette année, croix de bois, croix de fer, tout ça, tout ça, nous serions d’Enlighten quoi qu’il arrive. Las, cent fois, mille fois hélas, la vie n’est qu’un éternel recommencement et il ne s’est fallu que d’un cheveu pour que nous rations une nouvelle fois cette promesse de redécouvrir Canberra sous un autre jour. Tout fin, le cheveu, vraiment tout fin… Mais heureusement, le hasard faisant bien les choses et le Canberra Times étant parfois utile, nous avons enfin pu, vendredi soir (et puis samedi soir aussi pour le coup), nous diriger, circonspects mais impatients, vers la rive sud du lac Burley Griffin.

Première surprise, il y avait foule. Vraiment foule… De quoi redécouvrir les joies des bouchons. Ce qui, parole de Canberrien d’adoption, a de quoi surprendre diantrement. Une foule pareille, ça ne se voit presque jamais à Canberra, surtout passées 19 heures. C’est que le Canberrien a tendance à laisser les rues aux possums dès la nuit tombée… Mais ce soir-là, au diable les possums ! ça déambule, ça pique-nique, ça rit et ça trinque un peu partout aux abords d’Old Parliament House. Il y a des enfants qui couratent dans tous les sens, qui sautent et crient. Il flotte dans l’air comme une atmosphère de fête de village. C’est bon enfant, tranquille. C’est Canberra…

Et puis à 19 heures 30 tapantes, il y a des bâtiments qui s’illuminent. Il y a du blé qui pousse sur les murs de Questacon, des poissons étranges qui y frétillent de la nageoire, il y a des musiciens de jazz qui répètent sur les colonnes de la National Library, il y a des dinosaures et des caricatures qui galopent sur Old Parliament House. Il y a aussi Toulouse-Lautrec qui s’encanaille en plein air sur les murs de la National Gallery of Australia, il y a des collections qui défilent d’une arête à l’autre de la National Portrait Gallery. Il y a des oh ! et des ah ! des wow ! et des awww !

Devant Old Parliament House, sur la pelouse immense qui mène aux rives du lac, les montgolfières s’échauffent et les acrobates aussi. Le trapèze, la corde, le ruban et les cerceaux sont à l’honneur, sous l’Aero-Dome mais aussi sous les ballons… Ca virevolte, ça tourbillonne et ça défie les lois de la gravité. De quoi faire pousser encore les oh ! et les ah ! comme des champignons. D’autant plus peut-être que l’Aero-Dome se veut un tantinet cabaret et que certaines acrobates finissent leur numéro fort peu vêtues…

Un peu plus loin, tout aussi coloré, tout aussi acrobatique et diantrement loufoque, perchés sur un podium et sous deux eucalyptus, Sienta La Cabeza tient salon dans des volutes de laque et de peinture. Ca manie le sèche-cheveux avec une dextérité redoutable, ça crêpe, ça tresse, ça farde, ça sculpte, ça mixe et ça danse. Et ça choisit le prochain modèle parmi une véritable marée d’aspirants délurés capillaires. Il faut bien le reconnaitre, ça fait aussi rudement envie…

5 thoughts on “Enlighten – Et soudain, tout s’éclaire

  1. DOMINIQUE

    Mais pourquoi, pourquoi ne fait-on pas cela en France ? Je crois que seule la ville de Lyon a créé ce genre de fête.
    J’ai juste eu droit au décollage de l’eau, en parallèle, de deux cygnes : ça te me fait un de ces boucans ! Plof plof plof quand ils courent sur l’eau, puis mouik mouik mouik quand ils volent. Mais que c’est beau.
    Et à la bagarre de mouettes rieuses qui se chipaient leur proie en plein vol. Des petites pestes.

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    • lagrandeblonde Post author

      Il y a trois ans, Bordeaux avait organise des « sons et lumieres » sur la place de la Bourse pour Bordeaux fete le Vin et c’etait magique aussi. Mais ca ne se fait pas tres souvent, je crois, c’est dommage, c’est si feerique!
      Ici, les currawongs jouent les reveil-matins ces derniers jours… Presque aussi bruyants que les merles! Groumpf!

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      • DOMINIQUE

        Oublié de te dire : je suis née à Bordeaux (Caudéran), et aussi loin que je sache, ma famille des deux côtés aussi.

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  2. Sev

    Waouh ! C’est comme si la Fête des Lumières de Lyon avait rencontré le Cirque du Soleil !!!
    Et dire que je n’en ai jamais entendu parler lorsque j’étais Down Under….c’est nouveau ?

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    • lagrandeblonde Post author

      Apparemment, c’est la troisieme annee a Canberra et pareil pour le Vivid Festival a Sydney. J’espere que ca va faire des petits, c’est vraiment fantastique !

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