La maison dans les arbres
(The Tree House, Blackheath, NSW, 09-03-2014)
Il parait qu’on se tricote toujours des traditions, des petits riens très importants, des petits riens qui font beaucoup. Et il semblerait que le petit tour en automne dans les Blue Mountains fasse partie de ces traditions pour LeGB et LaGB (bon, OK, l’excuse de la tradition ne tient pas vraiment la route mais on va faire comme si) (on l’avoue, c’est principalement et surtout parce qu’on aime bien aller voir là-bas si on y est quand les feuilles commencent à rougir).
Mais les traditions étant ce qu’elles sont, le petit tour aux Blue Mountains n’est possible qu’à une seule et unique contraignante condition : nécessité est de se dégoter un logement sortant un minimum des sentiers battus. Il y a deux ans, par la grâce de la foule de touristes en goguette, de la pénurie de chambres d’hôtel et du hasard, ce grand coquin, on avait expérimenté (mais pas franchement approuvé) la vieille mansarde de pub farcie de courants d’air, avec matelas en accordéon et moutons de poussière de rigueur.
L’année dernière, forts de notre expérience passée, on avait pour une fois pensé à réserver à l’avance (ce qui tient quasiment de l’impossible quand on est aussi bien organisé qu’un LeGB et une LaGB réunis) et mis la main sur la Love Cabin, un petit cocon de bonheur au milieu de la forêt.
Autant dire que cette année, la pression était à son comble…
Après quelques détours de bon aloi (un jour, LaGB apprendra que le meilleur trajet n’est pas forcément le plus long. Un jour. Peut-être. Mais c’est pas sûr. Mémé, les orties, diantre, on a encore raté la sortie, tout ça) (les détours en viendraient presque à tenir de la tradition et comme il parait qu’on se tricote toujours des traditions…), c’est donc avec le cœur battant un peu la chamade qu’on a fini par arriver à The Tree House. Et il n’a pas fallu plus de quelques secondes pour savoir que ce serait rudement chouette de prendre racine sans plus tarder, là, exactement là et pas plus loin.
La faute à cette mignonne maison de poupée tout en bois, pleine de souvenirs de voyage, de souvenirs rapportés par Richard et Lucy, le père et la fille. Une cabane pleine de souvenirs d’enfance aussi, construite par Richard pour ses filles puis, plus tard, transformée en bureau – coin de rêveries. Avant de vivre une troisième vie comme cocon douillet pour voyageurs en quête de tranquillité.
Alors pendant deux jours, on a joué aux presqu’aventuriers en goguette à Lilliput. Et on a fait honneur à cette si jolie maison de poupées, à grands renforts de livres, de fromage, d’olives et de pancetta, de balades vers Perry Lookdown, de soirées à regarder la Lune en guettant le tomp tomp des wallabies dans les fourrés, de petits matins les paupières chatouillées par le soleil qui perce à travers les fenêtres, de goûters sur la terrasse et de soupirs d’aise.
Est-il nécessaire de préciser qu’il nous a été très difficile de quitter ce petit nid douillet ? Si on avait pu (damn you, boulot !), on serait sans doute restés quelques siècles à regarder passer les nuages et les passereaux. Las, il a bien fallu raison garder… et rentrer dans nos fraîches pénates canberriennes.
Heureusement, par la magie des traditions qui ont bon dos (quand on vous disait que c’est important de s’inventer des coutumes), on retournera sans doute très bientôt pour un épisode farniente dans notre si mignonne cabane miniature à Blackheath. Enfin, à condition qu’on arrive à réserver, vu que tous les copains à qui on en a parlé veulent maintenant y faire un tour aussi…