It’s about time that everybody dream a little crazy
(Evans Lookout, NSW, 10-03-2014)
Si on en croit les guides touristiques et les traités qui causent santé, poignées d’amour et capitons, ça ne se fait pas de rester à bouquiner les orteils en éventail, un plateau de fromage ou un peu de chocolat à portée de main, même (ou surtout ?) quand on est en mode Robinson Crusoé des forêts. LaGB le soutient mordicus, c’est quand même fort ballot tout ça. Mais les règles immuables étant ce qu’elles sont (et la capacité de résistance d’un LeGB à un beau soleil étant elle aussi ce qu’elle est) (c’est-à-dire pas grand-chose du tout, à tel point que LaGB finit par soupçonner que son cher et tendre fonctionne à l’énergie solaire) (quel homme, ce LeGB, quel homme !), notre séjour dans les arbres s’est tout de même ponctue de quelques sorties. Ne serait-ce que pour se ravitailler en frometon…
Et on aurait eu rudement tort de s’en priver : après s’être cassé les dents un nombre presque incalculable de fois et être repartis en grommelant au moins autant de fois (damn you, brouillard !), Evans Lookout a enfin daigné montrer le bout de ses falaises, de ses cascades et de son escalier un brin prodigieux. C’est qu’il ne fait pas dans la dentelle, ledit escalier et qu’il plonge à même la falaise, sautillant d’une plate-forme pas bien grande à une autre encore plus minuscule. Le tout sous les bourrasques du vent qui s’engouffre jusque dans la moindre fissure. De quoi finir tout ébouriffés…
Aussi ébouriffés (ou presque) que les wrens qui tentent, sans grand succès, de sautiller d’une branche à l’autre. Et qui se répandent en pépiements outragés. Manque de bol, il n’y a pas grand-chose de plus trognon qu’un wren renfrogné…
Entre deux bourrasques, trois râleries wrenesques et une dizaine de randonneurs bruyamment enjoués (groumpf !), il a bien fallu descendre sur la toute minuscule, toute perdue, toute vertigineuse dernière passerelle. Chacun à son pas, l’un galopant et l’autre flageolant (on vous laisse deviner quel pas appartenait à qui) (c’est très difficile, on vous l’accorde). Ca grognonnait sévère en serrant la rambarde avec ardeur, à base de « mais ça va pas de construire des trucs pareils, mais faut être complètement toqué pour ne serait-ce qu’imaginer un machin du genre ». Et puis ça hululait du « c’est beau, rhooo, c’est tellement chouette, wow ! » en bondissant d’une marche à l’autre. Chacun son pas, chacun son style, en somme…
Une fois en bas, sur le timbre-poste grillagé faisant office de plate-forme, pas question de danser la gigue. Mais plus question non plus de rouméguer sous cape. Parce que ce bout de rocher microscopique, c’est un peu de magie au milieu de nulle part. Pensez donc, il suffit d’y mettre un pied pour que soudain, la cascade d’en face se couronne d’arc-en-ciel et que la forêt se glisse juste à portée de main. Comme dans un ballet, tellement bien rôdé qu’on en finirait presque par se dire que les doux rêveurs qui ont construit ce système tout fou d’escaliers ont aussi installé tout un ensemble de poulies et d’engrenages pour les arbres, la cascade et le reste. Et finalement, ils ont bien eu raison parce que, tout compte fait, c’est rudement chouette, les panoramas façon manège !