La minute scientifique de Mme LaGB
(Reviendez, les gens ! Faut pas avoir peur comme ça… Promis, demain, on repart en vadrouille !)
Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, on va parler un petit peu boulot. Et engagement, surtout.
Chez les Chercheurs d’Oz, on est chercheurs. C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus.
Pour LaGB, c’est de la recherche tendance blouse blanche, gants, lunettes de protection et tout le tintouin (pour LeGB, c’est beaucoup plus souvent recherche tendance crème solaire et chapeau de cowboy qu’autre chose) (serpents, mouches et araignées aussi, d’ailleurs). Depuis des années. Douze, au bas mot. Douze ans et huit laboratoires, à la Réunion, à Montpellier, à Bordeaux puis maintenant à Canberra. Sur des sujets très variés et dans des communautés scientifiques fort différentes. De quoi se forger une certaine idée de la vie en recherche, malheureusement pas toujours très reluisante…
Particulièrement lorsqu’on est, horreur, malheur, pourvue de deux chromosomes X. Et qu’on veut (*frisson d’horreur*) continuer après la thèse et ne pas être traitée en pauvre petite chose fragile peu efficace et un peu lente à la comprenette. Parce qu’il ne sert à rien de se battre contre les moulins à vent, on apprend vite à faire fi, à faire avec à défaut de faire sans. Tout en essayant de faire bouger un peu (oh si peu !) les lignes. Et tout en se disant qu’on est peut-être, après tout, un peu trop exigeante et pas suffisamment douée. Parce qu’il faut bien qu’il y ait une raison, non ?
Et puis, les années passant, les stagiaires arrivent. Des filles majoritairement, hasard de répartition des étudiants. Passionnées, brillantes, enthousiastes, motivées mais aussi pétries de doutes et de manque de confiance en elles. Tout comme leurs ainées : les mêmes doutes, les mêmes questionnements, les mêmes angoisses. Toujours. Et on en vient à se dire que, foin d’exigence mal placée, il y a décidément là un vrai problème. Et les problèmes comme ça, ça turlupine quand même drôlement.
Alors un jour, il y a cette idée toute simple, vraiment toute simple. Et si on donnait la parole à celles qu’on considère comme des modèles, comme des mentors ? Si on essayait de donner des exemples au lieu de ne s’attacher qu’aux chiffres ? Un peu d’huile de coude, un brin de culot et des contacts très enthousiastes plus tard, c’est depuis quelques semaines comme un rêve de gamine qui prend vie (réaliser des interviews, pensez donc !)…
Et depuis hier, il y a donc The League of Remarkable Women in Science. Une petite bulle de science au féminin une fois par semaine. Pour que la prochaine génération de chercheuses s’affranchisse enfin des doutes qui malmènent ses ainées depuis trop longtemps.