De l’arme, du cheval et de quoi faire la bringue

(Kanab, Utah, 02-01-2015)

Et puis on est arrivés à Kanab. Une étape bien pratique sur la route du Grand Canyon mais aussi un peu un passage obligé (enfin, si on en croit le Lonely Planet…). Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on peut explorer l’Hollywood façon western… Même si l’âge d’or est passé depuis longtemps et que les souvenirs sont un peu mangés aux mites. La nostalgie a parfois du bon, non ?

Pour faire comme si, à Kanab, on a du faux bison dans les rues, du cactus en carton-pâte, des fresques un peu décaties à la gloire des cowboys de grand écran, un (faux) John Wayne sur un (faux) cheval, un grand K accroché à la falaise qui surplombe la ville (histoire de vraiment faire comme si), un cinéma presque comme dans les années soixante mais qui joue le Hobbit en lieu et place de westerns (y a pas à dire, tout fout l’camp ma pov’ Lucette), un musée de poche indiqué par de grandes pancartes (l’on a même supputé, un brin taquin, que lesdites pancartes étaient plus grandes que ledit musée) (mais on n’a pas pu vérifier, ayant trouvé porte close) (dammit), quelques vieilles voitures pimpantes (on cherche encore le rapport avec les westerns), des silhouettes de chariots un peu partout et même un chef Indien en bois sculpté. Et puis on a de la terre ocre qui vire à l’or fondu quand vient le soir, un (vrai) mini-canyon mignon avec des (vrais) daims qui galopent dedans, une rivière gelée, un merveilleux ciel étoilé et de la route à perte de vue. Et une Lune qui danse, énorme, dans la brume et la neige.

On a aussi un restaurant chinois qui ne paie franchement pas de mine (c’était ça ou le MacDo) mais qui sert, sur une table qui colle follement, probablement les meilleurs dumplings du monde. Un motel miteux qui sent le curry froid, des semi-remorque qui klaxonnent dans le pas si lointain, un chauffage qui crache plus de poussière que d’air chaud, une salle de bains qu’on verrait bien figurer en bonne place dans un Stephen King (suffisamment creepy  pour qu’on se décide à jeter un œil derrière le rideau de douche avant de dormir, parce-qu’on-ne-sait-jamais) (on a bien pensé à revérifier en cours de nuit mais il faisait beaucoup trop frisquet pour sortir ne serait-ce qu’un quart d’orteil de sous la couette) (la faute au radiateur fort contrariant) (il était sans doute de mèche).

Et puis on a du verglas au réveil, du patinage cocassement artistique (ou artistiquement cocasse, c’est selon) sur le parking pour tâcher de rejoindre notre fier destrier (LeGB en rit encore) (parce que lui, étonnamment, a traversé ledit parking comme un prince) (le fourbe) (on passera sous silence le nombre d’embardées de LaGB et on se contentera de préciser fièrement qu’aucune jambe ni dent n’a été blessée lors de ces acrobaties parkingesques).

Et on a surtout, après quelques heures passées là, une certaine tendresse pour une ville qui n’aurait pas franchement mérité un détour, mais une ville qui laisse un petit goût de nostalgie d’on ne sait pas trop quoi (et qui laisse aussi un petit goût de pas assez de dumplings fameux) (avoir eu si froid à Bryce Canyon nous a apparemment donné _très_ faim).

Prochaines étapes, le Lake Powell puis le Grand Canyon !

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